Recherches en Exégèse Biblique - EREB

Recherches en Exégèse Biblique- EREB
 

L’Équipe de Recherche en Exégèse Biblique conduit des recherches scientifiques sur les textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, en les situant dans leur contexte historique et en s’appuyant sur une méthodologie mettant en œuvre critique textuelle, analyse littéraire et approche théologique, tout en s’associant aux questionnements sociaux et ecclésiaux contemporains. Se situant à la croisée d’interprétations plurielles, l’étude des textes bibliques au moyen d’une exégèse qui n’en ferme pas le sens exige une rigueur méthodologique avérée pour éviter toute tentative d’instrumentalisation.

 

De par sa nature même, l’exégèse scientifique et critique se trouve immergée dans le thème de l’esprit et la lettre, dont elle représente d’une certaine façon l’application concrète. En effet, comme analyse objective des textes bibliques, l’exégèse se doit de distinguer leurs formes matérielles et éditoriales mais aussi littéraires et philologiques — la lettre — et l’interprétation de leur contenu prioritairement kérygmatique ou confessionnel — l’esprit. La thématique de l’esprit et de la lettre se décline en particulier dans l’histoire de la réception des textes et leurs relectures, de même que dans le phénomène de l’intertextualité, et se concrétise notamment dans l’articulation Ancien Testament / Nouveau Testament, mais aussi au sein de chaque corpus littéraire, voire de chaque écrit. À vrai dire, le contenu des textes n’aborde qu’assez rarement la problématique même de la tension entre l’esprit et la lettre : c’est le propre de l’exégèse de la révéler et de la mettre au jour.

 

Le quinquennal de recherche 2024-2028 traitera cette question sous des aspects variés, à la fois distincts et complémentaires, que ce soit à travers des thématiques précises telles que la création, l’accomplissement, l’angélologie, le prophétisme, la pneumatologie, ou des corpus spécifiques dont les écrits apocalyptiques (dans la mesure où l’apocalyptique produit de nouvelles synthèses à partir de l’existant, interroge l’accomplissement dans une perspective actualisée et produit des combinaisons inédites) et les écrits sapientiaux (dans lesquels le jeu entre esprit et lettre est multiforme mais engage une réflexion de type fondamental sur ce rapport), tout comme l’édition de commentaires critiques, à quoi s’ajoutent des projets de collaboration interdisciplinaires.

 

Projets de manifestations et de publications scientifiques (en interaction avec le thème fédérateur) 

 

a) Le geste créateur comme figure du salut

La recherche de l’équipe est globalement articulée aux séminaires et aux cours de master. En lien avec le thème fédérateur, a été retenue la problématique du geste créateur comme figure du salut, par exemple en établissant dans les paraboles et sentences imagées de Jésus comment les éléments de la création sont utilisés comme métaphore du règne de Dieu. Cette question, parmi bien d’autres, sera traitée dans l’un des séminaires sur deux années consécutives et aboutira à un colloque sur la question du Dieu créateur, organisé par les enseignants de la section au printemps 2024, dont les actes feront l’objet d’une publication collective. Par ailleurs, la réflexion menée dans un autre séminaire sur temps et temporalité dans la sagesse et l’apocalyptique engage également une donnée inscrite dans la création et en offre une approche autre.

– En contexte biblique, la pneumatologie constitue un élément non négligeable du thème fédérateur. Dans ce cadre, la question de l’Esprit, à laquelle pourra être combiné la thématique de l’inspiration, de la connaissance et de la révélation, sera abordée en termes de complémentarité et de continuité dans les séminaires ou/et cours d’Ancien Testament et de Nouveau Testament, au courant du quinquennal de recherche. 

– Projet d’un colloque international (année universitaire 2024-2025) sur le sujet « Accomplissement des Écritures et mutations identitaires dans le christianisme ancien », en collaboration avec les collègues patristiciens et historiens de l’Antiquité dans le cadre des axes 1 et 2 de l’ITI Hisaar. La thématique choisie rend compte des rapports réciproques entre la lettre et esprit et des infléchissements communautaires ou sociaux qu’ils peuvent engendrer, dont la promotion de l’universalité.

– Approfondissement des interrogations herméneutiques que suscite toute interprétation de textes fondateurs, notamment en prévision des collaborations avec les instances de recherche du projet Interreg Relien, de l’ITI Hisaar et de l’institut d’islamologie en création dans l’Unistra. 

Dans une perspective interdisciplinaire la distinction entre l’esprit et la lettre concerne le travail interprétatif sur les textes de référence d’autres religion comme les corpus biblique et talmudique juifs, le Coran ou encore les textes sacrés du bouddhisme. Les premiers séminaires et colloques interdisciplinaires au sein de l’ITI Hisaar ont permis d’inaugurer plusieurs collaborations en ce sens, qui méritent d’être développées.

 

b) Traduire et interpréter la lettre 

Publication de commentaires techniques dans la collection « Commentaire biblique : Nouveau Testament » (Ed. du Cerf) comprenant une traduction littérale à partir du texte grec, une description des problèmes majeurs de critique textuelle, une exégèse proprement dite (présentation des principales questions d’interprétation, exploitation des résultats exégétiques) et des notes techniques exposant des points philologiques, des éléments historiques et archéologiques, des realia, des états de la recherche, etc. La distinction entre la partie « notes » et la partie « interprétation » honore tout spécialement la tension entre la lettre et l’esprit, le but du commentaire étant de donner aux lecteurs les clés qui permettent d’établir le champ des interprétations possibles. En ce sens, l’étude de la lettre ouvre à l’interprétation spirituelle, sans trahir l’esprit du texte. 

Sont prévus :

– le commentaire de l’épître de Jacques qui aborde tout particulièrement la question de l’interprétation de la lettre d’un point de vue prioritairement éthique. En Jc, l’« esprit » est en effet assimilé aux actes concrets (Jc 2,26).

– le commentaire du livre des Actes qui ajoute également une dimension pneumatologique, ne serait-ce qu’au vu de la place capitale accordée tout au long du récit à l'Esprit et à ses œuvres, tout en traitant également de la problématique de la Loi et des pratiques juives.

 

c) S’approprier la lettre par le développement d’instruments de travail philologiques :

Traduction en français du dictionnaire hébreu – allemand, le KAHAL : Konzise und Aktualisierte Ausgabe des Hebräischen und Aramaïschen Lexikons zum Alten Testament, Walter Dietrich et Samuel Arnet (éd.), Brill, 2ème éd. 2019 – en collaboration avec des collègues de la Faculté de Théologie protestante.

– Publication d’ouvrages dans la collection « Mon ABC de la Bible » (Ed. du Cerf) qui propose de véritables guides, à la fois accessibles, rigoureux et stimulants, pour étudier les écrits bibliques. Sont prévus deux volumes qui s’inscrivent chacun à sa manière dans le thème du quinquennal de recherche :

1.      le livre de Daniel où le recours aux Écritures, à un ensemble de textes dont l’autorité est reconnue, est permanent. La question de leur interprétation y est décisive et généralement envisagée comme une résistance aux transformations structurelles de son temps et de son lieu ;

2.      le livre de Qohélet qui, de façon spécifique et originale, révèle une écriture articulant de façon interne la lettre et l’esprit dans un déploiement d’interprétations rejaillissant sur la réception même du livret ;

– publication d’un volume dans la collection « Personnages de la Bible » (Ed. du Cerf) s’intéressant aux personnages majeurs de l’AT ou du NT, dont est proposée une approche synthétique à partir des sources bibliques tout en dégageant les enjeux sociaux et culturels. Est prévu en l’occurrence un ouvrage sur Étienne (livre des Actes), lequel conjugue précisément les deux aspects « E/esprit » et « lettre » mis en tension ou en dialogue. De fait, le personnage est présenté avec insistance comme étant rempli de l'Esprit, tout en se trouvant confronté à sa position par rapport à la Loi (d'une part, accusé d'avoir parlé contre la Loi, mais d'autre part valorisant la Loi dans son discours).