Recherches sur la charité - Chaire "Jean Rodhain

Recherches sur la charité- Chaire « Jean Rodhain »

 

Le projet de recherche s’appuiera sur le travail de la chaire « Jean Rodhain » de Strasbourg (dont le laboratoire a bénéficié depuis 2020) pour approfondir la réflexion sur le concept d’amour du prochain, dans le contexte actuel. La recherche se développera autour de 5 axes :

 

1. Un travail doctrinal cherche à dégager le rôle polarisateur et nodal de la charité

Une théologie de la charité n’est pas seulement la théologie de l’action caritative. Puisque la charité est l’action même de Dieu, une théologie de la charité devrait accompagner toute réflexion théologique et non seulement en éthique, dans l’ensemble de ses champs disciplinaires (y compris éthique). Un premier axe de recherche consiste à promouvoir et soutenir un examen systématique de la théologie et de son enseignement sous le prisme de la charité dans une perspective interdisciplinaire comme nœud d’articulation entre éthique, dogmatique, exégèse, philosophie, histoire…

2. Un travail sémantique sur les nouveaux langages de la charité

Le défi du langage sur la charité est d’une grande actualité : un travail de précision sémantique est toujours nécessaire pour éclairer les liens et les nuances entre la charité et ses notions voisines comme la justice, la fraternité, l’amitié sociale ou encore la philanthropie et la diaconie. Alors que ces notions prennent une place importance dans le magistère, on peut se demander si elles ne seraient pas une nouvelle manière de parler de charité.

3. Une attention spécifique à la parole de ceux qui disent agir par la charité

Dans le prolongement de la prise en compte de la parole des victimes dans le contexte des abus dans l’Église catholique, la théologie ne peut plus être pensée en-dehors de tout lien avec le terrain de son exercice et ses acteurs. Les volets doctrinaux et sémantiques doivent être complétés par une « théologie de sourcier » à l’écoute de ceux qui se laissent porter à l’action par la charité de Dieu, acteurs caritatifs et personnes en difficulté :

-          penser la charité à partir de la parole de ceux qui s’engagent dans la diaconie : comment ceux qui se laissent porter à la’ction par la charité parlent de leur expérience ? Quels sont leurs mots pour dire ce qui les transforme ? Comment la charité se révèle à travers eux ? Une théologie de la charité peut leur donner des mots pour relire leur expérience et découvrir cette source ;

-          penser la charité à partir de la parole des personnes marquées par la grande précarité : les personnes marquées par la grande précarité sont les dépositaires d'une connaissance particulière, d’une expertise, d’une pensée à entendre et à comprendre, d’une manière spécifique d’accueillir la Révélation. Leur parole et leur présence manquent actuellement à la réflexion théologique de l’Église. Une intelligence de la foi qui s’élaborerait dans l’oubli des pauvres serait mutilée et affaiblie. Se mettre à l’école des plus pauvres semble susceptible de renouveler tant des manières d’aborder de grandes questions théologiques que les rendez-vous classiques de la dogmatique. Plus largement, ce chemin engage peut-être aussi une manière un peu nouvelle d’aborder le champ théologique dans son ensemble.

4. Une capacité à regarder au-delà de l’Église (dimensions œcuménique et interreligieuse)

La compréhension de la charité s’enrichit de ce qui vient de l’extérieur, au-delà de l’Église. Si l’Église est un mystère de charité, alors il y a un enjeu à voir l’interprétation qu’en font les autres Églises chrétiennes. Avons-nous une grammaire commune de la charité ? La charité est-elle centrale dans les autres manières de penser la foi chrétienne. Peut-on partager cette urgence avec d’autres ? Au-delà de la dimension œcuménique, se pose également la question du dialogue interreligieux autour du thème de la charité. Plus largement encore, les thèmes de l’enseignement social de l’Église (justice, paix, politique, économie, participation, subsidiarité, solidarité, etc.) permettent l’interface Église-Société avec celles et ceux qui ne partagent pas une même foi. Ils constituent autant d’espaces de dialogue où les uns et les autres peuvent s’enrichir mutuellement.

5. La charité comme angle d’approche

Cette approche permet d’envisager de manière originale et plus large de l’amour-charité, les autres champs de la réflexion éthique, toujours en cours au sein de la section éthique, (ceux des abus, ceux des nouvelles technologies, ceux de la bioéthique, de la souffrance et de l’écologie intégrale…) dans leur dimension interdisciplinaire et en dialogue avec d’autres composantes de l’Université de Strasbourg (médecine, droit, sciences économiques, sciences sociales, télécom. physique…). Cela débouchera, par ailleurs, sur l’ouverture et la conduite vers un large public de deux nouveaux Diplômes universitaires en cours au sein de la Faculté de théologie catholique : 1. — Prévention et Diagnostic des Abus et 2. — Justice et paix.