Thème fédérateur commun 2018-2022

Le thème fédérateur dont l’UR 4377 s’est douée à partir de l’année académique 2018-2019 sera traité transversalement par les membres de l’équipe dans le cadre des séminaires de recherche prévus dans la maquette en Master 2 ainsi que dans des événements organisés – colloques, journées d’études…- dans le cadre de leur projet quinquennal, parmi lesquels une série de séminaires des doctorants de l’UR 4377 qui interagiront au tour de ce thème commun.

 

  « Le corps comme lieu théologique en christianisme »

 

Lorsque l’idée de « Dieu » est pensée, même par des non-croyants, par exemple dans le cadre philosophique, elle est pensée spontanément hors du cadre de l’espace-temps en lequel s’inscrit la conception de la plupart des autres réalités concevables. « Dieu » transcenderait de soi l’espace-temps et le régime de la corruptibilité par sa non-localité et sa non-temporalité. Bref, le corps a paru diamétralement opposé à l’idée de Dieu, dont on dira bientôt qu’il est pur esprit.

Pourtant, le Dieu de la révélation chrétienne semble un Dieu qui n’hésite pas à se compromettre avec la corporéité : en amont de l’incarnation, de la crucifixion et de l’eucharistie, où la compromission atteint une extrémité peu prévisible, Dieu s’est compromis avec l’histoire et avec l’écriture qui localisent l’une et l’autre sa présence et son action en même temps qu’elles les exposent à la variation, à la relativité, à l’oubli.

Il est possible de coordonner les recherches disciplinaires de notre EA en réfléchissant à cette dignité divine de la corporéité, laquelle a été déclinée de mille façons dans le christianisme : de l’Habeascorpus qui garantit les droits humains de l’individu, au corps de la lettre qui garantit l’objectivité herméneutique, du corps social, où la foule s’organise et se défend contre elle-même pour se proposer un bien commun et un destin partagé, au Corps mystique en lequel le Sauveur a organisé la circulation des biens eschatologiques, la thématique du corps, de l’incorporation, de la condensation scripturaire ou sacramentelle des dons de l’Esprit-Saint, touche de multiples domaines de nos recherches. En chemin inverse, on pourrait observer ce qui fut le mépris du corps, soit en marge du christianisme (l’exemple des gnostiques vient aussitôt à l’esprit), soit au sein du christianisme par perversion, par dérive ou sclérose de la pensée, par contamination culturelle ou idéologique, par incompréhension.